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Suzanne ma douce ...


Suzanne est née un 14 mai, sept jours et quelques années avant moi. Exactement à l'inverse de moi... grande, visage oblong, cheveux d'ébène, yeux bleus, d'un ton de bleu assez inusité... comme la mer.

Même ses attributs féminins étaient plus opulents que les miens. On se regardait parfois dans le miroir en souriant, un inconnu ne pouvait pas s'imaginer qu'on était deux sœurs.

Mariée à 21 ans, elle achète sa maison l'année suivante. Gagnant leurs vies de façon sérieuse, ils n'ont pas de dettes. Il a même un emploi qui lui fourni la voiture. Ils s'achètent une tente-roulotte, et aiment bien passer l'été à faire du camping. Ils adorent faire de la moto et du 3 roues l'été, et de la motoneige l'hiver. Puis quelques années plus tard, alors qu'ils sont bien établis financièrement, viennent un garçon, puis peu après une fille.

C'est à l'âge de 29 ans qu'elle se rend compte qu'elle a une petite rondeur qui est apparue dans un sein et malheureusement ça s'avère être une tumeur maligne. Elle commet alors une erreur en décidant de l'ignorer, par crainte. Le temps qu'elle se décide à consulter, le mal a pris de l'ampleur, et elle est tombée gravement malade. Deux ans de souffrances, de mutilation, de hauts de bas, de rémission, de perte de cheveux, de radiation, d'espoir, et de désespoir ... elle s'éteint à l'âge de 31 ans, laissant deux enfants de cinq et quatre ans. Son couple n'a pas vraiment survécu, vers la fin la communication faisait défaut et ils étaient aussi éloignés que le ciel et la terre.

Même si cette histoire s'est passée il y a quelques années, la douleur d'avoir perdu ma sœur s'est transformée bien sur, s'est atténuée avec le temps, mais je continue à penser souvent à elle, et à nous imaginer maintenant, à nos âges, ensemble à délirer, comme on le faisait dans le temps. C'était ma meilleure copine. Je crois que le manque est d'autant plus intense que nous venions d'une famille dysfonctionnelle, et sans entrer dans les détails, nous étions un peu seules dans la vie, mes parents ayant oublié qu'ils avaient deux filles.

Je me souviens de ce matin presqu'automnal du 20 septembre. C'était ensoleillé mais il faisait assez frais, et l'on a reçu un appel urgent de la principale religieuse qui était en charge de la maison de convalescence ou Suzanne terminait ses jours. Nous nous sommes rendus la bas à toute vitesse, c'était la fin. Je suis arrivée près de son lit, lui ai serré la main pour qu'elle sache bien que j'étais là, nos regards se sont croisés, un sentiment d'amour intense s'échangeait. Un au revoir ...

Je pense à toi ma grande, n'oublie pas de veiller sur moi ...




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